Les plans d’eau sont des habitats singuliers du fait de leur dynamique écologique et des espèces qu’ils accueillent, souvent inféodées à ce type de milieu et à leur végétation rivulaire. Pour la plupart d’origine anthropique, en lien avec des activités telles que pêche, chasse, production hydro-électrique, nautisme etc., les étangs abritent souvent des espèces peu communes et protégées, tel que le Grèbe à cou noir. Cet oiseau est présent dans les roselières de bord de plan d’eau qui constitue son habitat de prédilection pour la nidification. A défaut de pouvoir éviter et réduire leurs impacts sur ces habitats, les porteurs de projet d’aménagement ont l’obligation réglementaire de les compenser. Ainsi, la restauration écologique de plans d’eau et de leur ceinture de végétation s’impose pour compenser les atteintes portées à cette espèce protégée.
Présentation du Grèbe à cou noir
Remarquable avec son plumage nuptial composé de touffes dorées disposées en éventail sur les côtés de la tête, le Grèbe à cou noir est un oiseau palmipède présent toute l’année en France métropolitaine, bien que sa répartition sur le territoire soit assez fragmentée. En période de reproduction (printemps-été), l’espèce est principalement présente dans les régions d’étangs (Forez, Brenne, Dombes, Sologne…) qui constituent ses principaux bastions. Elle se rencontre également en Pays-de-la-Loire même si les effectifs sont plus faibles, et, plus sporadiquement encore, en Bretagne et en Normandie. En hiver, le Grèbe à cou noir migre vers les zones littorales atlantiques et méditerranéennes (côtes, étangs littoraux, lacs).

La reproduction s’effectue sur des étangs et lacs caractérisés à la fois par une vaste surface en eau libre et une végétation rivulaire (phragmites, scirpes, joncs…) et aquatique (potamots, nénuphars…) abondante. L’espèce niche en faibles colonies en s’associant fréquemment aux colonies de mouettes et de guifettes. Le nid est construit juste au-dessus de la surface de l’eau au sein de la végétation riveraine. Habile pêcheur, le Grèbe à cou noir s’alimente en capturant ses proies entre 0,5 et 3 m de profondeur. Il se nourrit également d’amphibiens, d’insectes aquatiques et leurs larves, de crustacés et de mollusques.
L’élaboration d’une mesure compensatoire en faveur de cette espèce nécessite donc la prise en compte de l’ensemble de ces caractères de vie pour maximiser les chances d’atteinte de non-perte nette de biodiversité imposée par la réglementation.
Les étangs et lacs : habitats du Grèbe à cou noir… mais pas que
Les étangs et les lacs sont des milieux dynamiques structurés schématiquement en trois zones interconnectées :
- La zone benthique, constituée de sédiments accumulés par les ruissellements provenant du bassin versant en amont, correspond au fond du plan d’eau où vivent bactéries et invertébrés ;
- La zone pélagique, caractérisée par une eau libre et riche en planctons et autres organismes et où pénètre la lumière du soleil ;
- La zone littorale, de faible profondeur, où les fluctuations saisonnières des niveaux d’eau s’expriment le plus fortement et où les hélophytes peuvent prendre racine. Cette zone jouxte la rive où l’humidité du sol est moins importante, ce qui permet l’installation d’une végétation ligneuse (saules, frênes, aulnes, etc.).
Sur le plan de la biodiversité, les zones littorales des plans d’eau sont les plus riches car la faune y trouve nourriture et abris pour la nidification et la reproduction. D’un point de vue floristique, des cortèges végétaux diversifiés s’installent en fonction du gradient d’humidité du sol, permis par la morphologie des berges en pente douce. Ce sont des milieux de transition entre habitats terrestres et aquatiques, jouant le rôle d’interface avec les milieux environnants. Elles peuvent être très denses en végétation comme dans le cas des roselières lacustres, et accueillent des milieux pouvant être très diversifiés (mégaphorbiaies, cariçaies, pelouses amphibies, saulaies marécageuses, etc.).
La recherche de foncier compensatoire pour la restauration de ces milieux vise donc des plans d’eau dont la zone littorale est absente ou quasi-absente (berges très pentues), ou qui présente des dégradations empêchant leur installation.
Recherche de sites de compensation et définition de mesures de restauration écologique de plans d’eau dégradés
La recherche de sites potentiels de compensation repose sur une approche par imagerie aérienne et une démarche in situ. Le Grèbe à cou noir fréquentant davantage les plans d’eau de grande taille, il est privilégié la sélection d’étangs d’une surface supérieure à 2 ha, situés dans une zone où la reproduction de l’espèce est avérée. Puis une analyse visuelle des bordures est réalisée pour détecter si les pièces d’eau présentent des conditions d’accueil favorables à la biodiversité.


Les étangs éligibles à la compensation présentent des berges dénudées de végétation et dont la morphologie est uniforme et pentue. Une pression d’entretien trop importante de celle-ci est également un facteur d’appauvrissement biologique du milieu, ainsi que des prélèvements excessifs d’eau comme dans le cas des étangs d’irrigation.
A l’inverse, les plans d’eau caractérisés par une végétation rivulaire dense, large et continue, développées sur des berges en pentes douces, et dont les niveaux d’eau présentent des variations saisonnières naturelles, ne sont pas éligibles à la compensation car ils offrent des conditions d’accueil déjà favorables pour la biodiversité, et en particulier, pour le Grèbe à cou noir.
Les diagnostics de terrain permettent de confirmer l’éligibilité écologique des sites, d’affiner la mesure compensatoire et les préconisations pour l’opération de restauration écologique.


Plans d’eau éligibles à la compensation écologique
Ainsi les mesures préconisées peuvent, selon les cas, être caractérisées par :
- Le talutage de berges en pente douce
- L’amélioration de la gestion des niveaux d’eau
- L’apport de substrat organique
- La modification des modalités de gestion appliqués sur les espaces riverains (généralement une diminution de la pression d’entretien)
- Une diversification de la morphologie des berges lorsque celles-ci sont très homogènes
- La création d’îlots végétalisés
- La plantation d’hélophytes
- Etc.


Etangs non-éligibles à la compensation écologique car présentant des caractéristiques favorables à l’accueil de la biodiversité riveraine
Sources :
- Techniques de restauration hydromorphologique de plans d’eau et méthodes de suivi, ONEMA, 2017
- Eaufrance : La gestion, la protection et la restauration des plans d’eau https://www.eaufrance.fr/la-gestion-la-protection-et-la-restauration-des-plans-deau
- GEROUDET Paul, Les Palmipèdes, Les beautés de la nature, DELACHAUX ET NIESTLE, 1988
- ISSA Nidal et MULLER Yves, Atlas des oiseaux migrateurs de France métropolitaine, Nidification et présence hivernale, Vol. 1 des Anatidés aux Alcidés, 2015
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